Le coup de gueule d’Alain Dominique Perrin
« J’ai volontairement attendu, pour écrire ce texte, que le seul organisme français qui classe les formations aux métiers du luxe sorte son Palmarès 2016. Je ne voulais pas que des esprits mal intentionnés s’imaginent que je cherchais à appâter le client pour la formation que j’ai créée, il y a … 26 ans !
Dans ce Palmarès 2016 (source SMBG), ISML* « Sup de Luxe », qui appartient à mon école, EDC Paris Business School, est 1 ère, comme elle l’a déjà été 9 fois en 13 ans et 2 fois à la 2e place. Notre formation, qui est la plus ancienne de toutes et qui a été saluée par le métier comme étant à l’époque, très visionnaire, n’a donc clairement besoin ni de notoriété, ni d’étudiants.
Ma lettre ouverte est une mise en garde ; un pavé dans la mare ; un « coup de gueule ». Compte tenu de mon expérience et de mes compétences dans ce secteur (Président de Cartier, puis Président du groupe Richemont – Cartier, Van Cleef and Arpels, Mont-Blanc etc), je pense pouvoir, sans prétention, …me payer ce luxe !
Depuis une vingtaine d’années, avec une intensification ces derniers temps, je vois fleurir, çà et là, de nouvelles formations destinées à alimenter l’industrie du luxe en jeunes cadres plein d’enthousiasme. Certaines d’entre elles -moins d’une dizaine- ont fait leurs preuves et je les qualifierais de sérieuses : l’ESSEC, l’ISIPCA, l’Université de Marne La Vallée, ISML « Sup de Luxe » bien sûr… Grâce à la perpétuelle évolution de nos enseignements, grâce aussi à nos liens privilégiés et à nos partenariats avec les fédérations professionnelles et les marques de luxe dans le monde, nous sommes en mesure de répondre à leurs besoins et ainsi, de créer des emplois pour nos jeunes, en France et à l’international.
Et puis, il y a les autres. Celles qui font croire aux étudiants souvent crédules et à leurs parents, qui le sont encore plus, que les embauches sont sans limite, que leurs programmes vont les armer pour entrer par la grande porte dans un monde qui brille et qui génère un chiffre d’affaires colossal. Les autres qui jouent avec ambiguïté sur les mots, à grands renforts de publicité, en prétendant par exemple posséder des accords avec 700 entreprises du secteur ! … Alors qu’on en dénombre péniblement la moitié dans le monde. C’est tout simplement tendancieux et bien racoleur !
La vérité à l’heure actuelle, c’est 250 nouveaux emplois de cadres junior par an. Pas davantage. Les grandes marques ont déjà recruté la plupart des profils dont elles avaient besoin. Et à l’international, elles ont changé de stratégie en privilégiant désormais les recrutements « locaux » plutôt que les expatriations.
Au hit- parade des métiers, les bons vendeurs ont détrôné les pros du marketing. Sont également recherchés les spécialistes de commerce retail, de wholesale, de communication digitale, de logistique, de supply chain. Et, bien sûr, les « métiers de la main » ; ces artisans précieux qui créent les produits haut de gamme.
Il faut se méfier des beaux discours bien enrobés qui font rêver, mais n’engendrent souvent que désillusions et stages à répétition, -quand les jeunes diplômés ont déjà la chance de trouver un stage !
L’opportunisme n’a pas de limite pour quantités d’officines.
Méfions nous des contrefaçons ! »
* Institut Supérieur du Marketing du Luxe
Alain Dominique PERRIN
Président d’EDC Paris Business School
Président de la Fondation Cartier