Anais Bordier: dans la Maison Jean Rousseau
Anaïs Bordier, alumna du MBA Luxury Brand Marketing and International Management nous présente le savoir-faire maroquinier de son entreprise Maison Jean Rousseau.
Racontez-nous votre expérience chez Sup de Luxe. Pourquoi avez-vous choisi notre école ?
Après avoir suivi des études supérieures en école d’art et de design, notamment 4 ans à Saint Martins à Londres (Fashion Design with Marketing) et avoir travaillé en tant que styliste maroquinerie pour une marque française, je me préparais à mettre un pied dans l’entreprise familiale : la Maison Jean Rousseau et pour l’intégrer pleinement, je souhaitais obtenir un diplôme en marketing de luxe pour élargir mes compétences. De plus, Sup de Luxe étant une chaire Cartier, les sujets abordés, ses intervenants et les marques étudiées au cours de l’année correspondaient parfaitement à notre environnement professionnel, où nous accompagnons les marques de Haute Horlogerie.
Quel est votre plus beau souvenir de votre expérience Sup de Luxe ?
J’en ai plusieurs : évidemment des rencontres avec les autres étudiants et la multi diversité des profils, certains reprenaient des études comme moi, d’autres terminaient leur cursus supérieur. Les conférences avec des intervenants exceptionnels et leur témoignage contemporain du marché du luxe. Enfin notre visite du SIHH, où nous avons eu l’opportunité d’assister à l’un des plus grands évènements horlogers de la profession.
Racontez-nous votre carrière et son évolution de la sortie d’école à aujourd’hui ?
Lors du MBA marketing de luxe et management international à Sup de Luxe je travaillais à mi-temps déjà pour notre entreprise familiale pour appliquer au quotidien tout ce que j’apprenais (et bien entendu construire mon mémoire sur l’entreprise et le développement de notre propre marque). A la sortie de l’école, j’ai intégré l’entreprise pleinement en tant que Cheffe de Marque pour notre marque Jean Rousseau Paris, qui est distribuée à travers notre réseau de boutiques et dans de grands magasins et autres points de vente à l’international (plus d’une trentaine juste au Japon). Aujourd’hui j’accompagne le développement de la Maison Jean Rousseau qui est gérée en trio avec mon père, un Directeur Général et moi.
Pourquoi vous être lancé(e) dans l’entrepreneuriat ?
C’est mon père qui s’est lancé dans l’entrepreunariat il y a 20ans cette année en reprenant cette société qui s’appelait à l’époque COBRA (Compagnie des bracelets) et qui avait fait faillite. Mon père fut séduit à l’époque par le savoir-faire et toutes les compétences développées au fil des années dans cette société, et qui représentent un morceau d’histoire régional, puisque Besançon fut la capitale française de l’horlogerie. Cette société qui avait connu son apogée dans les années 80, s’était retrouvée au fur et à mesure à produire à l’étranger et avec des produits moyens et bas de gamme. Mon père a repris COBRA, a recentré la production en France et repositionné l’entreprise pour que nous puissions répondre à l’exigence du luxe. 8 ans après la reprise par mon père, la Maison Jean Rousseau (du nom du fondateur de la Maison) a été labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant ».
En quoi vos compétences acquises vous ont été utiles pour votre parcours professionnel ?
Lors de mes études supérieures à Londres, j’avais déjà abordé le marketing d’un point de vue « créatif ». La formation Sup de Luxe m’a apporté la vision commerciale et managériale et la vision internationale. Je me sers de ces compétences au quotidien, (et j’ai même pu les appliquer dès mon entrée à Sup de Luxe), à la fois dans mon poste de Cheffe de Marque pour notre marque qui est implantée et distribuée à l’internationale avec nos ateliers-boutiques en propre à Paris, Londres, Tokyo et New York. Ma responsabilité est également d’assurer la pérennité de l’entreprise et je dois intégrer une vision long terme du développement de notre Maison.
Que conseilleriez-vous aux étudiants pour réussir dans le domaine du luxe ?
Pour réussir dans le domaine du luxe, il faut à mon sens, en plus de la connaissance de l’environnement, du marché et de ses codes qui tombent sous le sens, je vois deux éléments essentiels : le sens du détail dans toutes les actions entreprises et le sens du service, pour créer les plus belles relations clients de façon pérenne.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
Une belle renommée pour la Maison Jean Rousseau et que son savoir-faire, aujourd’hui connu essentiellement dans le milieu professionnel, soit reconnu également pas les clients particuliers et la pérennité familiale de notre Maison.
Expliquez-nous votre vision du luxe dans une seule phrase.
Ma vision du luxe est celle de produits ou de services d’une qualité irréprochable, faisant la démonstration d’un savoir-faire ou une technique particulière et surtout de pouvoir les rendre uniques à tout moment pour chaque client, en les adaptant en fonction de leur personnalité et de leurs envies.
Quel est le concept et les ambitions de votre entreprise ?
Notre Maison est une société de services, où nous proposons notre savoir-faire maroquinier, notre créativité et sens de l’innovation pour les matières et notre expertise dans le bracelet-montre à nos clients (qu’ils soient professionnels ou particuliers) pour réaliser sur-mesure les produits et accessoires dont ils rêvent. Pour accomplir cette mission, nous sommes verticalement intégrés avec un site principal à Besançon, l’ancienne capitale horlogère française et proche de la Suisse, où notre Manufacture regroupe différents métiers : un bureau technique avec des ingénieurs pour développer les projets, un service commercial international, un atelier de production où les artisans ne montent pas les produits à la chaine mais de A à Z, un atelier de prototypes, un atelier de traitement des peaux pour créer nos différentes couleurs et finitions sur les cuirs et peaux bruts, un laboratoire de tests avec notre service de contrôle et de qualité, un atelier de mécanique pour fabriquer nos propres outils. Nous avons également des ateliers-boutiques à Paris, Tokyo, New York et Londres et un atelier en Chine qui sont dédiés aux clients particuliers, avec des artisans fabriquant directement sur place et sur-mesure les bracelets et maroquineries pour le client particulier et où nous avons également la possibilité de répondre aux demandes SAV locales de nos partenaires horlogers. Notre ambition est de faire connaître et étendre la réputation de notre Maison et de ses services d’exception pour pouvoir satisfaire le plus grand nombre de demandes de clients, tout en préservant l’authenticité de nos savoir-faire, notre éthique et en continuant de créer, imaginer et innover dans de nouvelles méthodes et nouveaux produits.
Quels sont les actualités de votre entreprise ?
Nous célébrons cette année les 65ans de savoir-faire de notre Maison qui est labellisée Entreprise du patrimoine vivant. Nous avons également augmenté nos capacités de production avec une extension de notre Manufacture à Besançon. Et après nous être déjà établis au Japon, Royaume-Uni et aux Etats-Unis, nous venons de nous implanter en Chine afin de pouvoir servir tous les amateurs et collectionneurs de Haute Horlogerie dans le pays. La recherche et le développement de nouvelles matières et finitions fait partie de notre activité et nous travaillons sur des alternatives aux matières traditionnelles comme l’alligator ou le veau, notamment avec le développement de bracelets en peaux de poisson (nous avons déjà travaillé l’esturgeon par exemple, ou le saumon).